Construction d'un Newton

Nous avions abordé la construction d’un télescope de Newton ce qui me donna l’occasion de vous dire combien cette démarche réclame de persévérance alors qu’à l’inverse, l’argument financier perdait sa pertinence (surtout dans les diamètres modestes). La description qui va suivre, de par les choix retenus, se compare plus justement avec une lunette apo. Il s’agit d’un Newton de 150 mm ouvert à 8,6 offrant un champ de plus de 2° sur le ciel. Pour un coût encore raisonnable, 600 euros, cet instrument sans chromatisme (par définition) n’est toutefois exploitable qu’en imagerie (ici l’imageur est un Mamiya 6x6)

Le barillet du primaire



Ici vu coté opposé au miroir. La fraisure centrale assure le contact avec le pivot (un écrou sphérique), les trois vis longues permettent la collimation (le jeu de six vis sur la périphérie n’a rien à voir avec les fonctions habituelles de vis poussantes et tirantes)

Le fond monté



Le primaire est en place et le barillet est monté sur le fond du télescope. Quatre plaques en contre plaqué seront vissées sur les cornières laiton et constitueront le corps du tube.

Vue de l’arrière



Les trois vis de collimation à 120° sont bien visibles autour du pivot central. Le corps du tube est en place et ses angles sont recouverts de cornières alu pour une meilleure résistance aux chocs et une esthétique accrue.

Voilà pour le début : à tout de suite

... La suite :

Le cabestan



C’est l’équivalent du porte oculaire : une simple bague dont l’alésage est taraudé (pas fin). Cette partie est fixée sur le coté du corps du tube à l’opposé du miroir (puisque c‘est un Newton).

L’autre bout du cabestan



Il prend place dans la bague précédente. On le voit ici en place sur l’imageur. La vis en laiton sert à bloquer la mise au point.

L’araignée



Simple mais très efficace. On devine le secondaire collé sur l’araignée et l’on aperçoit une des trois vis de collimation.

L’ensemble



Il n’a fallu qu’une cinquantaine d’heures de travail pour cette réalisation dont quinze pour le seul miroir. Le rapport d’ouverture (8,6) dispense quasiment le miroir de la parabolisation. Le bout de tôle coiffant l’instrument permet la suppression des reflets et la lunette est l’instrument guide.

Les résultats
Ils figurent dans le forum « Galerie d’images ». Je vous laisse admirer la qualité du travail de l’ami qui réalisa cet instrument. Si ce type d’approche retient votre attention, vous trouverez dans Astronomie Magazine N°14 une paire de jumelle à réfracteur de 153 mm du même auteur : Laurent Souchu.

Bon bricolage et surtout : patience ...

merci beaucoup pour tout cet explicatif Mr mais il y a qq chose qui me parait bizarre dans la dernière photo que vous avez mis, pourquoi vous mettez deux contre poids non collé l'un a l'autre? pourquoi vous gardez une distance entre les deux?

Il n'y a pas de raison particulière. Personnellement je ne m'inquiète pas de ce coté : la barre de contre poids est en acier inoxydable d'un diamêtre de 1"1/4 elle n'est pas prète de fléchir avec 6 petits kilos.
Y aurait-il une raison particulière à maintenir les contre poids collés entre eux ?

moi aussi je pense pas qu'il ya une raison particulière...
peut être pour diminuer la force exercé sur l'axe en la partageant entre deux point!!! et éviter la déformation de l'axe!!! peut étre!

Mr ndesprez d'aprés vous est-il plus facile de construire un newton ou un dobson ?

Un Dobson, un Newton ... Coté instrument, c'est la même chose, coté détails cela se complique. L'idée de monsieur Dobson est très simple : mettre tous les moyens sur le miroir au détriment du reste afin que celui-ci soit le plus grand possible. Cette configuration se révèle redoutable d'efficacité en ciel profond. Or à diamêtre égal, la formule Newton est la moins onéreuse donc tous les Dobson sont des Newton ! Mais alors me diras-tu, où est la différence ? A question simple, réponse simple : dans la monture ! Et puisque la monture ne coûte quasiement rien pourquoi ne pas augmenter encore le diamètre du primaire ? C'est d'autant plus facile que la monture d'un Dobson est simple mais très solide et accepte des charges considérables. L'inconvénient de la formule : elle est inadaptée à la photo (il y a des solutions mais c'est en plus et pas forcément donné) sauf pour la Lune.
Le plus grand Dobson dans lequel j'ai pu observer a un diamêtre de 800 mm : inimaginable sur une monture équatoriale sauf à dépenser une somme énorme (le prix d'une maison dans le sud tunisien).
Le Newton décrit ci-avant a un autre objectif : il reste assez léger et peut donc prendre place sur une monture équatoriale donc parfait pour la photo.
Et pour reprendre ta question d'origine : l'instrument présenté est facile à réaliser (attention, c'est tout de même de l'optique de haut niveau) parce que le rapport f/D est voisin de 9 ce qui dispense de paraboliser le miroir (et ça c'est difficile).
En espérant avoir répondu à la question ...

oui merci bcp mr ndesprez ^^ c'est clair

Il est souvent un peu plus aisé de contrôler l'équilibre d'une monture allemande lorsque les contre-poids sont ainsi séparés. Mais ce n'est que relativement vrai...car c'est avant tout destiné à "affiner" cet équilibre.

Newton Dobson? Je trouve les remarques de ndesprez très pertinentes!

je veut bien construire un Newton , mais ma seul probleme c'est la meroire primaire.
Mr.ndesprez avez vous encore le livre dont vous m'avez parlé à Djerba ???

Oui bien sur, je ne me sépare jamais d'un livre. Je dois m'absenter quelques jours mais c'est promis je te l'envoie sous forme de CD (enfin, si j'arrive à le copier).

merci d'avance Mr. ndesprez .
je suis vraiment ravie !!!

Récent retour d'expérience sur la fabrication d'un télescope :
A l'occasion de l'animation d'une présentation de l'observation solaire, j'ai eu hier, l'occasion de discuter du devenir d'un Newton fraichement terminé. Il s'agit d'un 254 mm ouvert à 7. La construction classique suivant la méthode de monsieur Texereau donne un instrument de nos jour quasiement ... Inutilisable (bon, là j'exagère un peu)! N'importe quel Dobson de 300 aurait couté moins cher et eut été plus facile d'emploi. Certe, la photo n'est pas directement accessible au Dobson mais ce club ne fait pas d'imagerie (et pour ma part je doute qu'il s'y mette avec pareil instrument). Pas facile tout ça, il faut bien réfléchir avant !

C'est Génial, une trés belle finition, comment se bloque le miroir au niveau du degré de liberté suivant l'axe du tube ?

Par contre, par rapport à la fixation cocentrique du miroir avec les 4 vis de pression, j'aurais placé les 4 pièces en acier à la base du disque et non en hauteur au niveau de la surface du miroir, les titges filetées sont très flexibles sur cette porté.
Je rajouterais même un contre-écrou pour bloquer les vis en laiton.

Tu peux faire des trous dans le disque en acier pour alléger l'ensemble sans réduire la resistance. Mais c'est de l'Acier ou de l'Alu ???
De la photo en 6x6 avec une mamiya !!! , il ne manque qu'une chambre froide.

En observant de nouveau la photo finale du téléscope, l'axe de la déclinaison me semble loins du centre de gravité du telescope. Ca va user la vis sans-fin du moteur d'entrainement de la déclinaison

Par contre, j'adore ces haubans qui viennent renforcer cette base imposante c'est du SOLIDE !!!!

Aïe ! Pour la fixation du miroir et son immobilisation suivant les divers axes, il s'agit quasiement d'un barillet classique, rien de bien nouveau donc. Question matière il s'agit d'alliage léger (alu mais je ne connais pas la nuance). S'agissant d'un instrument exlusivement photo, l'équilibrage est capital et même si la monture supporterait allègrement un moment important (il s'agit d'une Astrophysic recevant normalement un C14), on soigne toujours l'équilibrage ... Et l'imageur est lourd ! Cependant je reconnais que le bout de tôle qui coiffe l'entrée du tube peut succiter interrogation : il s'agit seulement d'un pare bué.
Enfin les cornières alu bordant les champs sont là pour la finition : on a de toutes façons toujours tendance à fabriquer trop solide (Voir un strock dont quelques photos traînent sur ce forum, construit au plus juste : malgré un nombre très significatif de tour de Terre, je n'en connais pas un qui aie cassé). En espérant mon commentaire constructif.
Cordialement

ndesprez a écrit:

Il n’a fallu qu’une cinquantaine d’heures de travail pour cette réalisation dont quinze pour le seul miroir. Le rapport d’ouverture (8,6) dispense quasiment le miroir de la parabolisation. Le bout de tôle coiffant l’instrument permet la suppression des reflets et la lunette est l’instrument guide.

je fais une petite etude sur la fabrication d'une petite miroire primaire !!
je voie que c'est dure de faire le polissage !!!

Ce qui m'amuse en voyant cette construction d'une finition exemplaire est notre vision générale cartésienne.

La vision collective est cartesienne, donc la plupart des matériaux disponibles pour la fabrication sont cartesiens, donc on garde notre vision cartesienne pour ne pas se compliquer la vie.

Finalement on encourage cette vision malgré soit et on reste dans le cartesien même si la terre est ronde.

Je me demande d'où est ce qu'on a inventé cette vision cartesienne avec la notion de l'angle droit, inexistante dans la nature.

Vous remarquez qu'en astronomie on souffre beaucoup de cette vision cartesienne qui nous complique la vie. Toujours à faire des projections et calcul sphérique pour traduire en cartesien, avez-vous déjà vu quelqu'un calculer l'inverse ???

Il faut au moins un siège au parlement européen qui défend la liste anti-cartesienne

ps: c'est encore l'effet de la pleine lune, ce soir c'est la philo-party

La Lune a des effets que j'ignorait, ils sont pourtant redoutables ! Bon je ne sais si l'Ecologie est cartésienne ou pas mais elle a gagné aux élections européennes : souhaitons qu'elle parvienne a leur faire éteindre tous ces lampendaires qui nous pourrissent la vie ! ... Et la Lune retrouvera sa vraie place.