2 mai 2009
Tranparence: bonne Turbulence : Faible Vent : nul Humidité : légère
Température : +12°C
Instrument : Réfracteur SkyWatcher 150mm F/D 8 sur EQ5 non motorisée
Observateurs : Philippe Dinant
Amplification : 48x et 240x
Optiques : Renvoi coudé 2’’, oculaire de 25mm + Powermate 5x
Heure d’observation : De 19h45 à 20h45, heure locale
Lieu : St-Georges-de-Windsor – QC – Canada
Lat : 45°41’52’’ Nord – Long : 71°50’37’’ Ouest
Altitude : 304 m
Le ciel étant à nouveau bien dégagé, je sors rapidement la SW 150 et l’EQ5 pour observer un petit moment la Lune, celle-ci étant déjà au-delà du Méridien mais encore bien assez haute dans le ciel. En installant l’instrument, ma voisine et ses trois enfants (2 filles et un garçon de respectivement 1 an ½, 3 ans et 6 ans) me repèrent et viennent jeter un coup d’œil dans l’oculaire. Même si l’amplification est faible, seulement 48x, leurs cris d’enthousiasme me chavirent le cœur. Que c’est beau l’enfance et les grandes émotions liées aux découvertes ! Quinze minutes plus tard, seul à nouveau, je monte le grossissement à 240x. L’image est hyper nette bien qu’avec, par moments, quelques turbulences légères. Je constate immédiatement que le terminateur passe ce soir sur le bord Est du petit cratère Nicolet, soit à approximativement un peu moins de 120 kilomètres à l’Est de Rupes Recta. Cette dernière est d’ailleurs splendide, long trait noir allant s’élargissant vers sa base Sud. Mais mon œil est surtout attiré plus au Sud encore, par le beau cratère Deslandres. Il doit son nom à l’astronome français Henri Alexandre Deslandres, né à Paris le 24 juillet 1853 et mort dans la même ville le 15 janvier 1948. Connu en France comme l’inventeur du spectrohéliographe, il fut Directeur des observatoires de Meudon puis de Paris. Ce grand cratère est une plaine close passablement démantelée, d’un diamètre de 236 kilomètres. Son rempart a été détruit en plusieurs points par d’autres impacts plus récents, tels que ceux de Walter, à l’Ouest, de Lexell, au Sud ou de Ball, au Sud-Est, sans compter de nombreux autres sans noms connus. Mais ce qui attire mon regard ce soir sur ce coin de Lune, est cet alignement de craterlets au Nord-Est de l’arène. On les distingue parfaitement bien, formant une longue ligne Nord-Sud. En partant de l’extrémité Nord de cette chaine de craterlets, sorte de catena non baptisée, les impacts vont diminuant en diamètre vers le Sud. Si l’on amplifie faiblement (48x dans mon cas), cet alignement donne l’impression d’un long sillon estimé à environ 37 kilomètres. Les diamètres de ces craterlets sont plus difficiles à définir. Probablement varient-ils entre 7 à 8 kilomètres de diamètre pour le plus grand et 5.5 kilomètres pour le plus petit.
A la limite interne de l’enceinte Est de Deslandres, juste au pied du petit cratère Hel (diamètre 33 km – profondeur 2200m) se dessine une bien plus longue sinuosité ; je l’évalue à environ 115 kilomètres de longueur, sur un axe Nord-Ouest / Sud-Est. Il me faudra un long moment d’attention pour me rendre compte que cette « ligne apparente » est en fait constituée d’une série de craterlets, de plissement de terrain et de petits soulèvements ; ces derniers étant situés légèrement au Nord-Est de Hel (à 15 km du rempart ?). Cet ensemble sinueux est magnifique à contempler si l’on y passe du temps. On comprend mieux alors combien certaines informations visuelles peuvent être interprétées incorrectement par le cerveau ; ce dernier assimilant à une simple ligne un ensemble de creux ou de bosses, voir d’autres éléments pourtant distincts. Un peu le problème des canaux martiens de Schiaparelli !
Comme je commence un peu à frissonné ce soir, je décide de rentrer mettre cette observation au propre ; il est 20h45.
Pour illustrer ce que j'ai observé, voici ci-dessous une photo haute résolution du cratère en question. On y distigue fort bien les deux "alignements" dont je fais mention.